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Synopsis DĂ©partement du Jura, en France. Un juge demande une reconstitution judiciaire afin de lever des zones dâombre sur un meurtre. Les accusĂ©es, une famille de trois quĂ©bĂ©coises, doivent, sous les yeux de la justice, recrĂ©er minutieusement la journĂ©e du 4Production et distribution 2Photos 7GĂ©nĂ©rique dĂ©taillĂ© 13Mentions techniquesCourt-mĂ©trageLangue de tournage FrançaisOrigines France Canada 50% français France, CanadaAnnĂ©e de production 2019DurĂ©e 19 min 47 secondesVisa dĂ©livrĂ© le 09/09/2019Formats de production HDType de couleurs Couleur Enrentrant Ă la ville avec Duplex, le chef de chantier, ChĂątaigne et Tarzan ont un accident de voiture. Les deux jeunes gens tentent de rejoindre la ville par la jungle. Entre-temps, lâhuissier de justice dĂ©barque en Guyane et, avec Duplex, se lance Ă la recherche de ChĂątaigne. Tarzan et ce dernier sont accueillis par des rebelles dansDes manifestants dĂ©noncent la discrimination, par un 'die-in', Ă Boston, dans le Massachusetts, le 4 dĂ©cembre 2014. Ils protestent aprĂšs une sĂ©rie de bavures policiĂšres et de dĂ©cisions judiciaires disculpant des policiers blancs ayant tuĂ© des Noirs. Reuters/Brian Snyder Ils avaient le tort d'ĂȘtre Noirs. Walter Scott, abattu par un policier blanc en Caroline du Sud, samedi. Rumain Brisbon, tuĂ© par un policier dans l'Arizona, en dĂ©cembre. Des policiers responsables de la mort d'hommes sans arme, Michael Brown Ă Ferguson et Eric Garner Ă New York blanchis par la justice. Un adolescent de 12 ans, Tamir Rice, abattu alors qu'il jouait avec un faux pistolet Ă Cleveland. Le biais racial de la police amĂ©ricaine envers les Afro-amĂ©ricains provoque l'indignation outre-atlantique. Il montre que la discrimination est loin d'avoir disparu, dans presque tous les domaine de la vie publique. En voici quelques exemples. La populationLes Afro-AmĂ©ricains reprĂ©sentaient 13,6% de la population lors du dernier recensement de 2010, selon le Bureau des statistiques amĂ©ricain, en lĂ©gĂšre hausse par rapport Ă 2000 12,9%. Ces chiffres incluent les personnes "d'une ou plusieurs races", selon la classification en vigueur aux Etats-Unis. On peut en effet ĂȘtre rĂ©pertoriĂ© comme Noir et Hispanique dans les statistiques amĂ©ricaines. La proportion de Noirs pourrait atteindre 15% en 2060, selon des prĂ©visions du bureau de rencensement. Pourcentage de la population par "race" en 2012 et projections pour 2060US Census bureauLes bavures policiĂšresLes rĂ©centes bavures en Arizona, Ă New York, Cleveland et Ferguson mettent en relief la disproportion qui frappe les Noirs dans les bavures policiĂšres ou les cas de personnes tuĂ©es par les forces de sĂ©curitĂ©. Offre limitĂ©e. 2 mois pour 1⏠sans engagement Les jeunes hommes noirs tuĂ©s par la police sont 21 fois plus nombreux que les jeunes hommes blancs, selon une Ă©tude du site d'investigation ProPublica. Le site du magazine Mother Jones prend pour exemple les personnes tuĂ©es par des policiers Ă New York entre 2000 et 2011 La justiceC'est l'un des domaines oĂč les discriminations sont les plus flagrantes. Les Noirs constituent 40% de la population carcĂ©rale pour 13,6% de la population. Dans le mĂȘme temps, les Blancs non hispaniques, qui comptent 64% de la population reprĂ©sentent 39 % de la population carcĂ©rale, rappelle le site Prison policy project. Proportion de la population carcĂ©ralePrison policy ProjectUn Ă©cart qui se retrouve aussi dans le couloir de la mort. Depuis 1976, 34% des condamnĂ©s Ă mort exĂ©cutĂ©s Ă©taient des Noirs, selon le Centre d'information sur la peine de mort. Ratio des Noirs exĂ©cutĂ©s depuis disparitĂ©s raciales liĂ©es au taux de criminalitĂ© ne suffisent pas Ă expliquer pas cet Ă©cart, relĂšve The Atlantic. Les statistiques fĂ©dĂ©rales montrent que 84% des victimes blanches et 93% des victimes noires entre 1980 et 2008 ont Ă©tĂ© assassinĂ©s par quelqu'un de la mĂȘme couleur. Pourtant, bien que prĂšs de la moitiĂ© des victimes d'homicide sont des Noirs, plus de trois quarts des victimes des condamnĂ©s Ă mort exĂ©cutĂ©s depuis 1976 sont des Blancs. L'Ă©conomieLes Noirs sont largement plus pauvres que les Blancs. 27,2% des Afro-AmĂ©ricains sont sous le seuil de pauvretĂ©, contre 15% pour l'ensemble des AmĂ©ricains. Le revenu mĂ©dian est de 33 321 dollars pour une famille afro-amĂ©ricaine en 2012 contre 51 017 pour la moyenne de la population. L'Ă©cart vis-Ă -vis des autres catĂ©gories de la population n'a guĂšre changĂ© depuis les annĂ©es 1960, comme le montre ce tableau de l'US Census bureau. Le revenu mĂ©dian des Noirs reste toujours largement invfĂ©rieur Ă celui de l'ensemble de la Census BureauLe taux de chĂŽmage chez les Africains-AmĂ©ricains est le double de celui des Blancs 13,4% contre 6,7% en 2013, selon l'institut Pew Research. Si le taux d'activitĂ© a connu des hauts et des bas en fonction de la conjoncture, l'Ă©cart n'a quasiment pas variĂ© en 60 ans. Le taux de chĂŽmage des Noirs est deux fois plus Ă©levĂ© que celui des researchLa santĂ©Sans surprise, un plus grand taux de pauvretĂ© induit des inĂ©galitĂ©s en termes de santĂ©. Quelques exemples. Les Afro-Americains avaient, en 2009, le taux le plus Ă©levĂ© de mort par crise cardiaque, d'AVC, de cancer et de diabĂšte, selon le Centre de prĂ©vention des maladies CDC. MalgrĂ© un lĂ©ger resserrement de l'Ă©cart, les Afro-amĂ©ricains vivent toujours moins longtemps que le reste de la population. L'espĂ©rance de vie moyenne Ă la naissance atteignait 78,7 ans en 2010, contre 75,1 ans pour les Noirs. L'espĂ©rance de vie aux Etats-UnisCDCL'Ă©ducationLes adultes afro-amĂ©ricains Ă©taient moins nombreux Ă avoir obtenu un diplĂŽme Ă la fin du lycĂ©e 80% que les Blancs 90% en 2005. Un rapport paru en mars dernier soulignait la perpĂ©tuation de ces dĂ©sĂ©quilibres. Le cercle vicieux de la discrimination est renforcĂ© par les faiblesses de l'encadrement scolaire les Ă©tudiants noirs ont quatre fois plus de probabilitĂ© de frĂ©quenter des Ă©coles dont moins de 60% des enseignants ont le niveau et les diplĂŽmes requis, selon des statistiques du DĂ©partement de l'Education. Plus grave, les inĂ©galitĂ©s se perpĂ©tuent en raison d'une vĂ©ritable sĂ©grĂ©gation spaciale. Les Africains-AmĂ©ricains sont plus nombreux Ă vivre dans des villes pauvres. Or les budgets d'Ă©ducation dĂ©pendent pour l'essentiel des collectivitĂ©s locales. L'AmĂ©rique d'Obama a encore du chemin Ă parcourir. >> Lire aussi Ferguson, les racines de la colĂšre Catherine GouĂ«set Les plus lus OpinionsLa chronique de Marion Van RenterghemPar Marion Van RenterghemLa chronique de Sylvain FortPar Sylvain FortLa chronique du Pr Gilles PialouxPar le Pr Gilles PialouxLa chronique de Pierre AssoulinePierre AssoulineLaTribune de GenĂšve c'est toute l'actualitĂ© locale, genevoise, nationale et internationale sur la politique, l'Ă©conomie, la culture et le sport
Tim Burton offre dĂ©jĂ une scĂšne sanglante de son adaptation de la famille Addams, sa toute premiĂšre sĂ©rie sur Netflix. SĂRIE - Avec le temps, Mercredi ne sâest pas adoucie, bien au contraire. Lâunique fille de la cĂ©lĂšbre famille Addams se montre toujours aussi impitoyable dans la toute premiĂšre bande-annonce de la sĂ©rie Netflix qui lui est dĂ©diĂ©e, diffusĂ©e ce mercredi 17 aoĂ»t Ă retrouver en tĂȘte de lâarticle. RĂ©alisĂ©e par Tim Burton, Mercredi promet dĂ©jĂ dâĂȘtre bien sanglant. La jeune fille, interprĂ©tĂ©e par Jenna Ortega You, Scream 5, Iron Man 3, est dĂ©sormais devenue une adolescente. Son look noir, son regard sombre et son caractĂšre toujours aussi blasĂ© lui valent le surnom de la tarĂ©e » dans lâenceinte du lycĂ©e. DĂšs ce premier extrait, Tim Burton nous offre une sĂ©quence sanglante pour annoncer la couleur rouge en lâoccurrence. Bien dĂ©cidĂ©e Ă venger son frĂšre moquĂ© par les joueurs de waterpolo du lycĂ©e, la jeune fille jette des piranhas dans la piscine. Sur fond dâĂdith Piaf, elle effraie et blesse les jeunes garçons. Je suis la seule autorisĂ©e Ă torturer mon frĂšre », leur lance-t-elle. Je vais me plaire ici » Suite Ă ses renvois multipliĂ©s, les parents de Mercredi interprĂ©tĂ©s par Catherine Zeta-Jones et Luis GuzmĂĄn lâinscrivent Ă la Nevermore Academy, lâĂ©cole oĂč ils se sont rencontrĂ©s. Tu seras avec des gens qui te comprendront », lui explique Morticia. Mademoiselle Addams, vous avez eu un parcours Ă©ducatif intĂ©ressant. Huit Ă©coles en cinq ans », peut-on Ă©galement entendre prononcer Gwendoline Christie. La comĂ©dienne, qui joue aussi Brienne de Torth dans Game of Thrones, enfile dans Mercredi le rĂŽle de Larissa Weems, la directrice de la Nevermore Academy et ancienne rivale de Morticia Addams. Dans la sĂ©rie, Mercredi mĂšnera lâenquĂȘte aprĂšs quâune vague de meurtres ne menace les habitants de la ville. Dans la bande-annonce, elle promet aux spectateurs un cauchemar rempli de mystĂšres, de chaos, et de meurtre ». Je vais me plaire ici », en dĂ©duit-elle. La vidĂ©o se clĂŽt avec les fameux claquements de doigts rĂ©guliers issus de lâentĂȘtante musique originale dans La famille Addams. La Chose fait Ă©galement une apparition express Ă lâĂ©cran. La main coupĂ©e qui se dĂ©place toute seule sera donc elle aussi prĂ©sente dans Mercredi. La sĂ©rie composĂ©e de huit Ă©pisodes sortira Ă lâautomne 2022. Elle sâajoute Ă la longue liste dâadaptations de La famille Addams rĂ©alisĂ©es depuis les annĂ©es 60. La derniĂšre en date remonte Ă 2019 avec un film dâanimation dirigĂ© par Conrad Vernon et Greg Tiernan. Ă voir Ă©galement sur Le HuffPost La bande-annonce dâAndor, la nouvelle sĂ©rie Disney sur Star Wars
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Abonnez-vous 02h00 vendredi 15 avril Justice de Marjolaine Grappe DurĂ©e 1h09mn / Pays de production France RĂ©sumĂ© Le 17 juillet 2014, une bagarre Ă©clate dans un parc Ă Staten Island, Ă New York. Eric Garner, un revendeur de cigarettes noir, s'interpose entre les protagonistes. Quand la police arrive, Eric est interpellĂ©. Aux policiers qui le maintiennent au sol, il rĂ©pĂšte en boucle "je ne peux pas respirer", avant de mourir en pleine rue. Ses derniers instants ont fait le tour du monde via une vidĂ©o postĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux. Les images de sa mort incarnent instantanĂ©ment les violences policiĂšres contre les Noirs aux Etats-Unis. Cinq mois plus tard, un grand jury composĂ© majoritairement de Blancs juge les preuves insuffisantes pour inculper le policier â blanc â responsable de l'interpellation. En 2018, dans une Ă©cole de New York, se tient le procĂšs fictif de cette affaire. Si vous avez manquĂ© le dĂ©but Quatre ans aprĂšs qu'Eric Garner a trouvĂ© la mort au cours de son interpellation par la police, une Ă©quipe de juristes organise le procĂšs fictif du crime dont il a Ă©tĂ© victime. Les animateurs et invitĂ©s de La couleur de la justice Marjolaine Grapperealisateur Infos sur le programme Interdit aux moins de 10 ans / Couleur / STEREO / 43/ HD AprĂšsune prise dâotage de longue haleine, rien ne vaut une Pale Ale qui dĂ©saltĂšre. Créée avec du houblon quĂ©bĂ©cois, cette biĂšre honore le vrai nĂ©gociateur Claude Poirier, lâanti-escrocs qui ravivera votre soif de justice. Une MĂ©chante bonne biĂšre! 10-4. Identification. News Bandes-annonces Casting Critiques spectateurs Critiques presse VOD Blu-Ray, DVD Spectateurs 3,0 299 notes dont 56 critiques noter de voirRĂ©diger ma critique Synopsis ElevĂ©s ensemble dans les rues de New York, Madano et Gino ont suivi des voies diffĂ©rentes. L'un est devenu policier, l'autre un dangereux gangster Ă la gĂąchette facile. Regarder ce film Acheter ou louer sur CANAL VOD Filmo Location dĂšs 2,99 ⏠Canal VOD Location dĂšs 2,99 ⏠Voir toutes les offres VODService proposĂ© par Voir toutes les offres DVD BLU-RAY Bande-annonce 144 Acteurs et actrices Casting complet et Ă©quipe technique Critiques Spectateurs Comme quoi, mĂȘme dans un film avec Steven Seagal, le rĂ©alisateur compte. Je vous rassure tout de suite Justice sauvage » n'est pas bon, mais n'empĂȘche qu'avec le solide John Flynn derriĂšre la camĂ©ra, le rĂ©sultat devient tout de suite beaucoup plus potable. C'est ultra-simpliste voire assez basique, mais il y a du rythme, un premier degrĂ© assumĂ© bien senti et un cĂŽtĂ© fonceur » plutĂŽt salutaire. On n'en retient pas ... Lire plus Avec JUSTICE SAUVAGE, Steven Seagal dĂ©ploie une Ă©nergie et une fĂ©rocitĂ© extrĂȘme qu'il assume avec un talent exceptionnel. Cette sĂ©rie B trĂšs urbaine et bien foutue est quand mĂȘme devenue un nanar! Nanar dans lequel, Steven Seagal homme et acteur Ă l'ego sur-dimensionnĂ© nous Ă©clabousse non pas de son talent mais de toute son arrogance. Les moments de "bravoures " et les punchlines s'enchaĂźnent tout au long du film. L'histoire en devient anecdotique, on s'est trĂšs bien qui va gagner. le plus violent des films de steven seagal, trĂšs rĂ©ussi encore une fois, toujours avec cette touche d'humour !!!! 56 Critiques Spectateurs Photos Infos techniques NationalitĂ© Distributeur - AnnĂ©e de production 1991 Date de sortie DVD - Date de sortie Blu-ray 24/07/2007 Date de sortie VOD 13/04/2016 Type de film Long-mĂ©trage Secrets de tournage - Budget - Langues Anglais Format production - Couleur Couleur Format audio - Format de projection - N° de Visa 76646 Si vous aimez ce film, vous pourriez aimer ... CommentairesWalker Texas ranger - S04 E06 - A la santĂ© du diable. A la santĂ© du diable. MA LISTE. PARTAGER. 41m. 6 mai 2022 Ă 08:25. Walker, Texas Ranger.Accueil NouveautĂ©s Avant-premiĂšre ThĂšmes Auteures Collections EBOOKS En tĂ©lĂ©chargement gratuit Qui sommes-nous ? Nous contacter INCARCĂRATION DE MASSE ET NOUVELLE SĂGRĂGATION RACIALE AUX ĂTATS-UNIS Collection Radical America » Auteur-e Michelle Alexander Parution Mars 2017 Pages 364 Format 150 x 210 ISBN 978-2-84950-541-0-PAP Version papier Version epub PrĂ©sentation Il y a plus dâadultes africains-amĂ©ricains sous main de justice aujourdâhui â en prison, en mise Ă lâĂ©preuve ou en libertĂ© conditionnelle â quâil nây en avait rĂ©duits en esclavage en 1850. LâincarcĂ©ration en masse des personnes de couleur est, pour une grande part, la raison pour laquelle un enfant noir qui naĂźt aujourdâhui a moins de chances dâĂȘtre Ă©levĂ© par ses deux parents quâun enfant noir nĂ© Ă lâĂ©poque de lâesclavage. »Dans ce livre devenu un classique des luttes contre la prison et le systĂšme judiciaire aux Ătats-Unis, ÂMichelle Alexander revient dans des pages Âfulgurantes sur les mutations de la domination Âraciale et de lâ lâesclavage aux innombrables prisons actuelles, en passant par la sĂ©grĂ©gation de lâĂšre Jim Crow », ce livre explore la façon dont en quelques dĂ©cennies, avec la guerre contre la drogue », les Noirs et les Latinos ont commencĂ© Ă ĂȘtre enfermĂ©s en masse, jusquâĂ dĂ©passer aujourdâhui deux millions de prisonniers. Du quadrillage policier aux Âcellules, en passant par le profilage racial et une machine judiciaire implacable, lâauteure dĂ©voile tous les ÂmĂ©canismes de cette nouvelle sĂ©grĂ©gation qui a créé une nouvelle sous-caste raciale », une race des prisonniers ». Commentaires Michelle Alexander examine tous les Ă©lĂ©ments et en arrive Ă la conclusion que notre systĂšme carcĂ©ral est une forme unique de contrĂŽle social, Ă lâinstar de lâesclavage et de Jim Crow, les systĂšmes quâil est venu remplacer. Elle nâest pas la premiĂšre Ă faire ce constat amer mais ce livre est saisissant, par lâintelligence de ses idĂ©es, la puissance avec laquelle les faits sont rĂ©sumĂ©s et la force de son Ă©criture », New York Review of Books. La bible dâun mouvement social », San Francisco ÂChronicle. Inestimable, un guide Ă©blouissant et providentiel pour sây retrouver dans le labyrinthe de propagande, de discrimination et de politiques racistes qui se prĂ©sentent sous de nombreux noms, y compris sous celui de ce quâon appelle justice », Daily Kos. Sans aucun doute, le livre le plus important publiĂ© depuis le dĂ©but de ce siĂšcle sur les Ătats-Unis », Birmingham News. Autres ouvrages Ă dĂ©couvrir dans le mĂȘme thĂšme 100 portraits contre l'Ătat policier Cases rebelles 11,00 ⏠Permis de tuer Collectif Angles morts 11,00 ⏠BrĂ»ler les prisons de l'apartheid Natacha Filippi 11,00 ⏠Les frĂšres de Soledad George Jackson 16,00 ⏠MichelleAlexander, La couleur de la justice.IncarcĂ©ration de masse et nouvelle sĂ©grĂ©gation raciale aux Etats-Unis, Syllepse, Paris, 2016, 364 pages, 17 euros.. Paru pour la
Michelle Alexander, La couleur de la justice. IncarcĂ©ration de masse et nouvelle sĂ©grĂ©gation raciale aux Etats-Unis, Syllepse, Paris, 2016, 364 pages, 17 euros. Paru pour la premiĂšre fois aux Etats-Unis en 2010, La couleur de la justice analyse les mutations et les permanences de la domination raciale aux Ătats-Unis Ă partir des situations dâincarcĂ©ration des Noirs Ătats-uniens, qui font de ces prisonniers une sous-caste raciale ». Nous publions ici un extrait du livre de Michelle Alexander tirĂ© du chapitre 5, intitulĂ© Le nouveau Jim Crow ». Ătablir des parallĂšles historiques Ceux qui entrent et sortent des prisons de lâIllinois aujourdâhui appartiennent Ă la nouvelle sous-caste raciale de lâAmĂ©rique. Les Ătats-Unis en ont presque toujours eu une un groupe dĂ©fini entiĂšrement ou principalement par lâappartenance raciale et qui est exclu de façon dĂ©finitive de la sociĂ©tĂ© majoritaire blanche par la loi, les coutumes et les pratiques. Les raisons et les justifications changent avec le temps, chaque systĂšme de caste reflĂ©tant et sâadaptant aux changements de lâenvironnement social, politique et Ă©conomique. Pourtant, ce qui est frappant Ă propos du nouveau systĂšme de castes, câest combien il ressemble Ă son prĂ©dĂ©cesseur. Il y a bien sĂ»r des diffĂ©rences importantes entre lâincarcĂ©ration de masse et Jim Crow â nous Ă©voquerons les principales plus tard â mais lorsquâon prend du recul et observe le systĂšme dans son ensemble, on a une profonde impression de dĂ©jĂ -vu. On perçoit cette honte et cette stigmatisation familiĂšres ; un systĂšme de contrĂŽle Ă©laborĂ© que parachĂšvent privation des droits civiques et discrimination lĂ©galisĂ©e dans chaque secteur important de la vie Ă©conomique et sociale. Enfin, il y a la production de signification et de frontiĂšres raciales. Nombre de ces parallĂšles ont Ă©tĂ© longuement Ă©voquĂ©s dans les chapitres prĂ©cĂ©dents ; dâautres sont encore Ă explorer. Ci-dessous, se trouve la liste de plusieurs des ressemblances principales entre Jim Crow et lâincarcĂ©ration de masse, suivie dâune discussion de quelques parallĂšles qui nâont pas Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s jusquâici. Voyons tout dâabord les parallĂšles historiques. Jim Crow et lâincarcĂ©ration de masse ont des origines politiques similaires. Comme nous le dĂ©crivions dans le chapitre 1, ces deux systĂšmes de castes sont nĂ©s, en grande partie, dâun dĂ©sir chez les Ă©lites blanches dâexploiter Ă des fins politiques et Ă©conomiques les ressentiments, la vulnĂ©rabilitĂ© et les prĂ©jugĂ©s raciaux des Blancs pauvres et de la classe ouvriĂšre. Les lois sur la sĂ©grĂ©gation furent conçues dans le cadre dâune tentative dĂ©libĂ©rĂ©e et stratĂ©gique de dĂ©tourner la colĂšre et lâhostilitĂ© qui grondaient contre les Ă©lites blanches et les dĂ©tourner vers les Africains-AmĂ©ricains. On peut retrouver Ă lâorigine de lâincarcĂ©ration en masse la mĂȘme dynamique politique. Les conservateurs des annĂ©es 1970 et 1980 mobilisĂšrent les prĂ©jugĂ©s raciaux et la fragilitĂ© Ă©conomique des Blancs pauvres et de la classe ouvriĂšre en dĂ©veloppant un discours codĂ© sur le plan racial, centrĂ© sur la criminalitĂ© et les avantages sociaux. Dans les deux cas, les opportunistes raciaux proposaient peu ou pas de rĂ©formes pour rĂ©pondre aux inquiĂ©tudes Ă©conomiques lĂ©gitimes de ces Blancs ; ils proposaient Ă la place de sâen prendre aux autres », dĂ©finis racialement. Au cours des premiĂšres annĂ©es de Jim Crow, les Ă©lites conservatrices blanches rivalisĂšrent les unes avec les autres en adoptant des lĂ©gislations oppressives toujours plus strictes. Un siĂšcle plus tard, les politiciens impliquĂ©s dans la guerre contre la drogue, rivalisaient dâefforts pour dĂ©montrer lequel serait le plus sĂ©vĂšre envers le crime en adoptant des lois sur la drogue de plus en plus dures â tentative Ă peine voilĂ©e dâen appeler aux Blancs pauvres et de la classe ouvriĂšre qui prouvĂšrent encore une fois quâils Ă©taient prĂȘts Ă renoncer Ă des rĂ©formes Ă©conomiques et structurelles en Ă©change dâefforts visibles destinĂ©s Ă remettre les Noirs Ă leur place[1] ». Discrimination lĂ©gale Le parallĂšle le plus Ă©vident entre Jim Crow et lâincarcĂ©ration de masse est la discrimination lĂ©gale. Tout au long du Black History Month, les AmĂ©ricains sâauto-congratulent dâavoir mis fin Ă la discrimination envers les Africains-AmĂ©ricains dans lâemploi, le logement, les avantages sociaux et les services publics. Les Ă©coliers se demandent Ă voix haute comment la discrimination a jamais pu ĂȘtre lĂ©gale dans ce beau pays qui est le nĂŽtre. Rarement entendent-ils quâelle est encore lĂ©gale. Bien des formes de discriminations qui relĂ©guaient les Africains-AmĂ©ricains Ă une caste infĂ©rieure Ă lâĂ©poque des lois Jim Crow continuent de sâappliquer aujourdâhui Ă de larges segments de la population noire â du moment quâils sont Ă©tiquetĂ©s criminels. Sâils sont estampillĂ©s criminels quand ils atteignent vingt et un ans â comme câest le cas pour beaucoup â, ils deviennent lâobjet dâune discrimination lĂ©gale pour le reste de leur vie dâadulte. Les formes de la discrimination qui sâapplique aux personnes condamnĂ©es pour des affaires liĂ©es Ă la drogue, dĂ©crites en dĂ©tail dans le chapitre 4, signifient que les prisonniers, une fois libĂ©rĂ©s, entrent dans un univers social parallĂšle â comme sous Jim Crow â dans lequel la discrimination est parfaitement lĂ©gale dans presque tous les aspects de la vie sociale, politique et Ă©conomique. Dans certaines villes des Ătats-Unis, ce sont de vastes majoritĂ©s dâhommes noirs qui font Ă nouveau lâobjet dâune discrimination lĂ©gale les empĂȘchant effectivement de sâintĂ©grer complĂštement Ă la sociĂ©tĂ© dominante blanche. LâincarcĂ©ration de masse a annulĂ© nombre des acquis du mouvement des droits civiques, en relĂ©guant des millions dâhommes noirs Ă des positions qui rappellent celles de lâĂ©poque Jim Crow. Privation des droits civiques Ă lâĂ©poque de Jim Crow, les Africains-AmĂ©ricains se voyaient refuser le droit de vote par le biais dâun cens Ă©lectoral, de tests dâalphabĂ©tisation, de clauses dâantĂ©rioritĂ© et de lois privant les criminels de leurs droits, bien que le 15e amendement Ă la Constitution stipule prĂ©cisĂ©ment que le droit de vote des citoyens des Ătats-Unis ne sera pas dĂ©niĂ© [âŠ] sur des critĂšres de race, couleur ou de servitude antĂ©rieure. » Des dispositions formellement neutres sur le plan racial furent adoptĂ©es pour atteindre lâobjectif dâun Ă©lectorat uniquement blanc, sans violer le 15e amendement. Des dispositions qui sâavĂ©rĂšrent efficaces. Les Africains-AmĂ©ricains Ă©tant souvent pauvres, ils ne pouvaient payer le cens ; et parce quâon leur avait refusĂ© lâaccĂšs Ă lâĂ©ducation, ils ne pouvaient rĂ©ussir aux tests dâalphabĂ©tisation. La clause dâantĂ©rioritĂ© autorisait les Blancs Ă voter mĂȘme sâils ne satisfaisaient pas Ă ces conditions, du moment que leurs ancĂȘtres avaient pu voter. Enfin, parce que les Noirs Ă©taient accusĂ©s de crime de façon disproportionnĂ©e â en rĂ©alitĂ©, certains dĂ©lits furent redĂ©finis spĂ©cifiquement comme crimes dans le but dâĂ©liminer les Noirs du corps Ă©lectoral â les lois concernant la dĂ©chĂ©ance des droits civiques des criminels supprimaient aussi, efficacement, le vote noir[2]. AprĂšs lâeffondrement de Jim Crow, tous les dispositifs racialement neutres qui visaient Ă exclure les Noirs de lâĂ©lectorat furent Ă©liminĂ©s par des recours ou de nouvelles lois, exceptĂ©es les lois sur la dĂ©chĂ©ance des droits civiques. Certains tribunaux estimĂšrent que ces lois avaient perdu leur caractĂšre discriminatoire » parce quâelles avaient Ă©tĂ© amendĂ©es depuis la fin de Jim Crow ; dâautres permirent que ces lois perdurent parce quâon ne relevait pas de biais racial manifeste dans les archives -lĂ©gislatives[3]. LâincapacitĂ© de notre systĂšme judiciaire Ă Ă©radiquer les tactiques adoptĂ©es Ă lâĂ©poque de Jim Crow pour faire disparaĂźtre le vote noir a des rĂ©percussions majeures aujourdâhui. Les lois sur la dĂ©chĂ©ance des droits des personnes condamnĂ©es sont plus efficaces pour Ă©liminer le vote noir Ă lâĂšre de lâincarcĂ©ration de masse quâelles ne lâĂ©taient Ă lâĂ©poque de Jim Crow. Moins de deux dĂ©cennies aprĂšs le dĂ©but de la guerre contre la drogue, un homme noir sur sept avait perdu le droit de vote Ă Ă©chelle nationale, et jusquâĂ un sur quatre dans les Ătats qui avaient le plus haut taux de dĂ©chĂ©ance des droits chez les Africains-AmĂ©ricains[4]. Ces chiffres sont vraisemblablement en deçà de la rĂ©alitĂ©, car ils ne prennent pas en compte les millions dâex-dĂ©tenus qui ne peuvent voter dans les Ătats oĂč il leur faut payer des amendes ou des frais avant de voir leur droit de vote restaurĂ© â un nouveau cens. Comme lâa observĂ© la juriste Pamela Karlan La dĂ©chĂ©ance des droits des condamnĂ©s a dĂ©cimĂ© lâĂ©lectorat noir potentiel[5]. » Il est intĂ©ressant de remarquer cependant que lâexclusion des Ă©lecteurs noirs des bureaux de vote nâest pas la seule maniĂšre dont le pouvoir politique noir a Ă©tĂ© supprimĂ©. Une autre dimension de la dĂ©chĂ©ance des droits rappelle non pas tant lâĂ©poque Jim Crow que celle de lâesclavage. Suivant la loi sur la rĂ©sidence habituelle, le Census Bureau compte les individus emprisonnĂ©s comme rĂ©sidents de la juridiction oĂč ils sont incarcĂ©rĂ©s. Puisque les nouvelles prisons sont construites pour la plupart dans des rĂ©gions rurales majoritairement blanches, ces communautĂ©s blanches bĂ©nĂ©ficient dâune inflation de leur population totale au dĂ©triment des communautĂ©s urbaines principalement constituĂ©es de minoritĂ©s dont sont issus les prisonniers[6]. Cela a dâĂ©normes consĂ©quences sur le processus de redĂ©coupage Ă©lectoral. Les communautĂ©s rurales blanches qui accueillent des prisons finissent avec davantage de reprĂ©sentants dans les lĂ©gislatures des Ătats, tandis que les communautĂ©s de couleur pauvres perdent des reprĂ©sentants puisque leur population semble dĂ©cliner. Cette politique rappelle Ă©trangement la clause des trois cinquiĂšmes dans la Constitution originelle, qui augmentait le poids politique des Ătats esclavagistes en incluant 60 % des esclaves dans les chiffres de la population servant Ă calculer les siĂšges aux CongrĂšs et les votes Ă©lectoraux, alors mĂȘme quâils nâavaient pas le droit de vote. Exclusion des jurys Un autre parallĂšle assez clair peut ĂȘtre fait entre lâincarcĂ©ration de masse et Jim Crow lâexclusion systĂ©matique des Noirs des jurys. Lâune des caractĂ©ristiques de lâĂ©poque Jim Crow est constituĂ©e par les jurys composĂ©s exclusivement de Blancs pour juger des accusĂ©s noirs dans le Sud. Bien que cette exclusion des jurĂ©s sur la base de la race soit devenue illĂ©gale Ă partir de 1880, lâĂ©limination de jurĂ©s noirs potentiels par le biais de rĂ©cusations pĂ©remptoires fondĂ©es sur la race fut acceptĂ©e par la Cour suprĂȘme jusquâen 1985. Cette annĂ©e-lĂ , la Cour jugea dans lâaffaire Batson vs Kentucky, que les rĂ©cusations racialement motivĂ©es violaient la clause de protection Ă©gale devant la loi inscrite dans le 14e amendement[7]. Aujourdâhui, les accusĂ©s sont confrontĂ©s Ă une situation largement similaire Ă celle quâils connaissaient il y a un siĂšcle. Comme nous lâavons dĂ©crit dans le chapitre 3, il existe une interdiction formelle de faire des rĂ©cusations pĂ©remptoires pour des motifs raciaux mais dans la pratique, la Cour a tolĂ©rĂ© lâexclusion systĂ©matique des Noirs des jurys en autorisant les tribunaux Ă accepter des raisons idiotes » ou superstitieuses » de rĂ©cuser des jurĂ©s noirs[8]. Pire encore, pour couronner le tout, un large pourcentage dâhommes noirs a Ă©tĂ© automatiquement exclu du service de jurĂ© parce quâils sont dans la catĂ©gorie criminels[9] ». Lâeffet combinĂ© des rĂ©cusations pĂ©remptoires basĂ©es sur la race et de lâexclusion automatique des condamnĂ©s des jurys a placĂ© les accusĂ©s noirs dans une situation familiĂšre â au tribunal, les fers aux pieds, face Ă un jury exclusivement blanc. Barrer lâaccĂšs aux tribunaux Les parallĂšles entre lâincarcĂ©ration de masse et lâĂ©poque Jim Crow sâĂ©tendent jusquâĂ la Cour suprĂȘme. Cette derniĂšre a toujours suivi, au cours des ans, un schĂ©ma assez semblable dans sa rĂ©ponse aux systĂšmes de castes raciales dâabord elle les protĂšge, puis Ă la suite de profonds changements survenus dans le climat social et politique, elle dĂ©mantĂšle ces systĂšmes de contrĂŽle et certains de leurs vestiges. Dans lâaffaire Dred Scott vs Sandford, la Cour suprĂȘme protĂ©gea lâinstitution de lâesclavage de toute mise en cause lĂ©gale au motif que les Africains-AmĂ©ricains nâĂ©taient pas des citoyens, et dans lâaffaire Plessy vs Ferguson, la Cour Ă©labora la doctrine sĂ©parĂ©s mais Ă©gaux » â une fiction lĂ©gale qui protĂ©geait le systĂšme Jim Crow en le soustrayant Ă tout recours en justice. Actuellement, le cas McCleskey vs Kemp et ses suites remplissent la mĂȘme fonction que Dred Scott et Plessy. Dans cette affaire, la Cour montra encore une fois quâelle jouait un rĂŽle protecteur â -fermement engagĂ©e aux cĂŽtĂ©s du systĂšme de contrĂŽle dominant. Comme nous lâavons montrĂ© dans le chapitre 3, la Cour a empĂȘchĂ© que les plaintes pour biais racial accĂšdent aux tribunaux, et ce Ă toutes les Ă©tapes du processus judiciaire, depuis lâarrestation et la fouille, jusquâau plaider-coupable et la condamnation. LâincarcĂ©ration de masse est dĂ©sormais hors dâatteinte de possibles mises en cause pour biais racial, tout comme les systĂšmes prĂ©cĂ©dents lâavaient Ă©tĂ© en leur temps. Le nouveau systĂšme de castes raciales fonctionne sans ĂȘtre entravĂ© par le 14e amendement ni par la lĂ©gislation sur les droits civiques â des lois pourtant destinĂ©es Ă renverser les systĂšmes de contrĂŽle antĂ©rieurs. La fameuse proclamation de la Cour suprĂȘme en 1857 â [lâhomme noir] nâa aucun droit que lâhomme blanc soit tenu de respecter » â reste vraie dans une assez large mesure aujourdâhui, du moment que lâhomme noir a Ă©tĂ© Ă©tiquetĂ© criminel[10] ». La sĂ©grĂ©gation raciale Les parallĂšles Ă©voquĂ©s plus haut suffiraient Ă laisser songeur qui que ce soit, il existe pourtant un certain nombre dâautres similitudes, moins Ă©videntes, entre lâincarcĂ©ration de masse et Jim Crow, que nous nâavons pas explorĂ©es dans les chapitres prĂ©cĂ©dents. La crĂ©ation et le maintien de la sĂ©grĂ©gation raciale est un exemple. Comme nous le savons, les lois Jim Crow imposaient une sĂ©grĂ©gation des lieux de rĂ©sidence et les Noirs Ă©taient relĂ©guĂ©s dans les pires quartiers des villes. Les routes sâarrĂȘtaient littĂ©ralement aux abords de nombreux quartiers noirs et les chaussĂ©es redevenaient poussiĂšre. Bien souvent, lâeau, les Ă©gouts et les autres services publics, qui fonctionnaient dans les quartiers blancs de la ville, ne sâĂ©tendaient pas jusquâaux quartiers noirs. LâextrĂȘme pauvretĂ© qui sâabattait sur les Noirs en raison de leur statut lĂ©gal infĂ©rieur Ă©tait en grande partie invisible aux Blancs â pour autant que les Blancs restaient cantonnĂ©s dans leurs quartiers, ce quâils Ă©taient enclins Ă faire. La sĂ©grĂ©gation raciale rendait lâexpĂ©rience noire largement invisible aux Blancs qui, de ce fait, conservaient plus facilement des stĂ©rĂ©otypes raciaux Ă propos des valeurs et de la culture noires. Ainsi, il Ă©tait Ă©galement plus facile de nier ou dâignorer la souffrance des Noirs. LâincarcĂ©ration de masse fonctionne de la mĂȘme maniĂšre. Elle pratique la sĂ©grĂ©gation raciale en sĂ©parant les prisonniers â en majoritĂ© noirs et latinos â de la sociĂ©tĂ© dominante. Les prisonniers sont derriĂšre les barreaux, bien souvent Ă plus dâune centaine de kilomĂštres de chez eux[11]. Les prisons elles-mĂȘmes sont rarement vues par la majoritĂ© des AmĂ©ricains car elles sont souvent situĂ©es loin des centres-villes. Bien que les comtĂ©s ruraux reprĂ©sentent seulement 20 % de la population amĂ©ricaine, 60 % des nouvelles prisons sont construites sur ces territoires[12]. Les prisonniers sont donc cachĂ©s de la vue du public â loin des yeux, loin du cĆur. En un sens, lâincarcĂ©ration est une forme bien plus extrĂȘme de sĂ©grĂ©gation physique et rĂ©sidentielle que la sĂ©grĂ©gation sous Jim Crow. PlutĂŽt que de simplement les repousser Ă lâautre bout de la ville ou les parquer dans des ghettos, lâincarcĂ©ration de masse enferme les Noirs dans des cages. Des centaines de milliers de Noirs et de Latinos sont maintenus Ă lâĂ©cart de la sociĂ©tĂ© dominante par des barreaux et des murs â une forme dâapartheid diffĂ©rente de tout ce que le monde a jamais connu. Les prisons, cependant, ne sont pas le seul vĂ©hicule de sĂ©grĂ©gation raciale. La sĂ©grĂ©gation est aussi créée et perpĂ©tuĂ©e par le flot de prisonniers qui rentrent dans les communautĂ©s des ghettos chaque annĂ©e. La guerre contre la drogue Ă©tant menĂ©e presque exclusivement au sein des communautĂ©s de couleur pauvres, lorsque les dĂ©linquants pour drogue sont libĂ©rĂ©s, ils retournent gĂ©nĂ©ralement vers des ghettos sĂ©grĂ©guĂ©s â ces lieux quâils appellent leur maison. Dans de nombreuses villes, le phĂ©nomĂšne du retour est largement concentrĂ© sur un petit nombre de quartiers. DâaprĂšs une Ă©tude, sur une pĂ©riode de douze ans, le nombre de prisonniers qui retournent vers les comtĂ©s centraux » a triplĂ©[13] â des comtĂ©s dans lesquels se trouvent les centres-villes ghettoĂŻsĂ©s des mĂ©tropoles. Les effets se font sentir Ă travers tous les Ătats-Unis. Lors dâinterviews menĂ©es auprĂšs de cent habitants de deux communautĂ©s de Tallahassee, en Floride, les chercheurs ont dĂ©couvert que presque chaque personne avait connu â ou sâattendait Ă connaĂźtre â le retour dâun membre de la famille aprĂšs la prison[14]. De la mĂȘme façon, une Ă©tude auprĂšs des familles vivant dans la citĂ© des Robert Taylor Homes Ă Chicago a montrĂ© que la majoritĂ© des habitants avaient un membre de la famille incarcĂ©rĂ© ou attendait sa sortie de prison dans les deux annĂ©es Ă venir[15]. 70 % des hommes entre dix-huit et quarante-cinq ans, dans le quartier dĂ©muni et en majoritĂ© noir de North Lawndale dans le West Side de Chicago sont des anciens dĂ©linquants, avec un casier judiciaire qui les suivra pour le reste de leur vie[16]. La majoritĂ©, 60 %, a Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ©e pour des dĂ©lits liĂ©s Ă la drogue[17]. Ces quartiers sont des terrains minĂ©s pour les prisonniers en libertĂ© conditionnelle car lâune des conditions de base de ce rĂ©gime est lâinterdiction de frĂ©quenter des criminels ». Comme lâobserve Paula Wolff, cadre au Chicago Metropolis 2020, dans ces quartiers ghettoĂŻsĂ©s, il est difficile pour une personne en libertĂ© conditionnelle dâaller Ă lâĂ©picerie du coin acheter un litre de lait sans violer cette condition[18] ». A contrario, les Blancs â mĂȘme pauvres â ont beaucoup moins de chances dâĂȘtre emprisonnĂ©s pour des dĂ©lits liĂ©s Ă la drogue. Et lorsquâils sortent de prison, ils se retrouvent rarement dans le ghetto. Les Blancs pauvres ont une expĂ©rience de lâAmĂ©rique toute diffĂ©rente de celle des pauvres de couleur. Ils ne subissent pas la sĂ©grĂ©gation raciale, par consĂ©quent lorsquâils sont pauvres, ils ne sont pas relĂ©guĂ©s dans des aires racialement dĂ©finies dâintense pauvretĂ©. Une Ă©tude a rĂ©vĂ©lĂ© quâĂ New York, 70 % des Noirs et des Latinos pauvres vivent dans les quartiers urbains les plus pauvres, alors que 70 % des Blancs pauvres vivent dans des quartiers plus confortables â des communautĂ©s qui ont des ressources significatives, y compris des emplois, des Ă©coles, des banques et des Ă©piceries[19]. Sur lâensemble du territoire, presque sept personnes sur huit habitant des quartiers urbains les plus pauvres font partie des minoritĂ©s[20]. Ainsi, lâincarcĂ©ration de masse perpĂ©tue et approfondit des schĂ©mas prĂ©existants de sĂ©grĂ©gation et dâisolement raciaux, non seulement en extrayant les gens de couleur de la sociĂ©tĂ© pour les placer en prison, mais aussi en les rejetant de nouveau dans des ghettos Ă leur sortie. Des jeunes gens de couleur qui auraient pu sâextraire de leurs communautĂ©s ghettoĂŻsĂ©es â ou aider Ă les transformer â sâils avaient eu un bon dĂ©part dans la vie et nâavaient pas Ă©tĂ© classĂ©s dĂ©linquants, se retrouvent au contraire piĂ©gĂ©s dans un circuit fermĂ© de marginalitĂ© perpĂ©tuelle, allant du ghetto Ă la prison[21]. Les ghettos sĂ©grĂ©guĂ©s et rongĂ©s par la pauvretĂ© Ă travers tous les Ătats-Unis nâexisteraient pas aujourdâhui sans les politiques racialement orientĂ©es du gouvernement, et pour lesquelles il nây a jamais eu de rĂ©paration significative[22]. Et pourtant, chaque annĂ©e, des centaines de milliers de personnes pauvres de couleur ciblĂ©es, par la guerre contre la drogue, sont forcĂ©es de retourner vers ces communautĂ©s sĂ©grĂ©guĂ©es â des quartiers encore dĂ©vastĂ©s par lâhĂ©ritage dâun systĂšme de contrĂŽle antĂ©rieur. ConcrĂštement, ils nâont pas dâautres choix. Câest ainsi que lâincarcĂ©ration de masse, comme Jim Crow, le systĂšme qui lâa prĂ©cĂ©dĂ©, maintient la sĂ©grĂ©gation raciale. La production symbolique de la race Le parallĂšle le plus important entre lâincarcĂ©ration de masse et Jim Crow est sans doute quâils ont tous deux servi Ă dĂ©finir le sens et le rĂŽle de la race en AmĂ©rique. En effet, lâune des fonctions premiĂšres de nâimporte quel systĂšme de castes est de dĂ©finir le sens de la race en son Ă©poque. Lâesclavage dĂ©finissait ce que signifiait ĂȘtre noir â un esclave â et tout comme Jim Crow â ĂȘtre noir signifiait ĂȘtre un citoyen de seconde classe. Aujourdâhui, lâincarcĂ©ration de masse dĂ©finit ce que veut dire ĂȘtre noir en AmĂ©rique les Noirs, en particulier les hommes, sont des criminels. VoilĂ ce quâĂȘtre noir signifie. Certains pourraient ĂȘtre tentĂ©s dâinsister sur le fait que les hommes noirs choisissent » dâĂȘtre des criminels ; le systĂšme nâen fait pas des criminels, du moins pas de la maniĂšre dont lâesclavage faisait des Noirs des esclaves ou Jim Crow des citoyens de seconde classe. Le mythe du choix est tentant, mais il faut savoir y rĂ©sister. Les Africains-AmĂ©ricains ne sont pas davantage susceptibles de consommer ou vendre des drogues que les Blancs mais, pour les mĂȘmes conduites, ils sont criminalisĂ©s dans des proportions extrĂȘmement Ă©levĂ©es. En rĂ©alitĂ©, des Ă©tudes suggĂšrent que les actifs blancs pourraient ĂȘtre le groupe le plus susceptible de mener des activitĂ©s illĂ©gales liĂ©es Ă la drogue au cours de leur vie[23]. La prĂ©valence dâactivitĂ©s illĂ©gales liĂ©es Ă la drogue parmi tous les groupes raciaux et ethniques crĂ©e une situation dans laquelle, du fait des ressources limitĂ©es des forces de lâordre et des contraintes politiques, certains sont criminalisĂ©s tandis que dâautres ne le sont pas. Les Noirs lâont Ă©tĂ© par la guerre contre la drogue Ă un degrĂ© qui Ă©clipse ses effets sur les autres groupes ethniques et raciaux, particuliĂšrement les Blancs. Et ce processus de criminalisation a produit un stigmate racial. Chaque systĂšme de castes racial aux Ătats-Unis a produit une stigmatisation raciale. LâincarcĂ©ration de masse nâest pas une exception. La stigmatisation raciale est produite en dĂ©finissant nĂ©gativement ce quâĂȘtre noir veut dire. Un temps, ce fut la honte de lâesclave. Puis celle du citoyen de seconde classe. Aujourdâhui, le stigmate racial est la honte du criminel ». Comme nous lâavons dĂ©crit dans le chapitre 4, de nombreux ex-dĂ©tenus dĂ©crivent lâangoisse existentielle quâils Ă©prouvent, liĂ©e Ă leur statut de paria. Une angoisse qui fait planer son ombre sur tous les autres aspects de leur identitĂ© et de leur expĂ©rience sociale. La honte et la stigmatisation ne sont pas limitĂ©es Ă lâindividu ; elles sâĂ©tendent Ă la famille et aux amis â parfois mĂȘme ce sont des communautĂ©s entiĂšres qui sont stigmatisĂ©es du fait de la prĂ©sence de ceux qui ont Ă©tĂ© Ă©tiquetĂ©s criminels. Ceux qui sont stigmatisĂ©s dĂ©ploient souvent les stratĂ©gies dâadaptation quâemployaient autrefois les Africains-AmĂ©ricains Ă lâĂ©poque de Jim Crow, y compris mentir sur leur passĂ© criminel ou sur les membres de leur famille, afin de passer pour » quelquâun que la sociĂ©tĂ© dominante pourrait accueillir. La question cruciale est que, pour les hommes noirs, le stigmate de criminel » Ă lâĂšre de lâincarcĂ©ration de masse est fondamentalement un stigmate racial. Non pas que la stigmatisation nâexiste pas pour les condamnĂ©s blancs ; elle existe bel et bien, et fortement. Mais il faut remarquer que pour les Blancs elle est diffĂ©rente â elle nâest pas de nature raciale. Une expĂ©rience pourrait permettre dâillustrer comment et pourquoi câest ainsi. Tenez les propos suivants Ă presque nâimporte qui et observez la rĂ©action Il faut vraiment que nous nous occupions du problĂšme de la criminalitĂ© blanche. » Un Ă©clat de rire sera probablement la rĂ©ponse. Lâexpression criminalitĂ© blanche est un non-sens Ă lâĂšre de lâincarcĂ©ration de masse, Ă moins que lâon ne se rĂ©fĂšre Ă la criminalitĂ© en col blanc â auquel cas il est entendu que lâexpression renvoie au type de crimes commis, du fin fond de leur bureau chic, par des Blancs dâapparence respectable. Lâexpression criminalitĂ© blanche Ă©tant dĂ©pourvue de signification sociale, le terme criminel blanc est Ă©galement dĂ©routant. Dans cette formulation, blanc semble qualifier le terme criminel â comme pour dire voici un criminel, mais pas cette sorte-lĂ de criminel » ; ou alors, ce nâest pas un vrai criminel â câest-Ă -dire, pas ce que nous entendons par criminel aujourdâhui. Ă lâĂšre de lâincarcĂ©ration de masse, ce quâĂȘtre criminel signifie est associĂ©, dans notre inconscient collectif, Ă ce que signifie ĂȘtre noir, si bien que lâexpression criminel blanc est dĂ©concertante alors que criminel noir est presque redondante. Rappelons-nous lâĂ©tude Ă©voquĂ©e dans le chapitre 3 qui rĂ©vĂšle comment les personnes interrogĂ©es pour une enquĂȘte imaginent presque toutes une personne noire, lorsquâon leur demande de se reprĂ©senter un dealer. Ce phĂ©nomĂšne nous aide Ă comprendre pourquoi les Ă©tudes montrent que les ex-dĂ©tenus blancs pourraient en rĂ©alitĂ© avoir plus de facilitĂ©s Ă trouver un emploi que les Africains-AmĂ©ricains sans casier judiciaire[24]. Ătre un homme noir, cela veut dire ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un criminel, et ĂȘtre un criminel noir, câest ĂȘtre mĂ©prisable, un paria de la sociĂ©tĂ©. Il nâest en aucune maniĂšre facile dâĂȘtre un criminel blanc, mais en tant que criminel blanc vous nâĂȘtes pas un paria racial, bien que vous ayez affaire Ă de nombreuses formes dâexclusion sociale et Ă©conomique. Le fait dâĂȘtre blanc tempĂšre le crime, tandis quâĂȘtre noir dĂ©finit le crime. Comme nous lâavons vu prĂ©cĂ©demment, lâassociation du crime avec le fait dâĂȘtre noir nâest pas apparue naturellement au contraire, câest une construction des Ă©lites politiques et des mĂ©dias qui fait partie du vaste projet connu sous le nom de guerre contre la drogue. Cette combinaison a servi Ă fournir un dĂ©bouchĂ© lĂ©gitime Ă lâexpression du ressentiment et de lâhostilitĂ© contre les Noirs â une soupape pratique maintenant que les formes explicites de racisme sont strictement condamnĂ©es. Ă lâĂšre de lâindiffĂ©rence Ă la couleur de peau, il nâest plus permis de dĂ©tester les Noirs, mais nous pouvons haĂŻr les criminels. De fait, on nous y encourage. Comme le remarque lâĂ©crivain John Edgar Wideman Il est respectable de couvrir les criminels de goudron et de plumes, de prĂŽner lâenfermement et de jeter la clĂ© aux oubliettes. Ce nâest pas raciste dâĂȘtre contre le crime, mĂȘme si lâarchĂ©type du criminel dans les mĂ©dias et dans lâimagination du public a presque toujours le visage de Willie Horton[25]. » Câest prĂ©cisĂ©ment parce que le systĂšme judiciaire est un vecteur de lâexpression du sentiment anti-Noir, conscient et inconscient, que la marque de la prison est vĂ©cue comme un stigmate racial. Le stigmate existe que lâon ait Ă©tĂ© ou non Ă©tiquetĂ© formellement comme criminel, ce qui reprĂ©sente un autre parallĂšle avec Jim Crow. Tout comme les Africains-AmĂ©ricains dans les Ătats du Nord Ă©taient stigmatisĂ©s par le systĂšme Jim Crow mĂȘme sâils nâĂ©taient pas assujettis Ă son contrĂŽle formel, les hommes noirs aujourdâhui sont stigmatisĂ©s par lâincarcĂ©ration de masse â et la construction sociale de lâ hommenoircriminel » â quâils aient Ă©tĂ© en prison ou non. Pour ceux qui ont Ă©tĂ© marquĂ©s de ce sceau, le marquage sert Ă intensifier et approfondir la stigmatisation raciale, puisquâon leur rappelle constamment, Ă quasiment chaque contact avec les services publics ainsi quâavec les employeurs et les propriĂ©taires privĂ©s, quâils sont les nouveaux intouchables ». De cette maniĂšre, le stigmate de la race est devenu stigmate de la criminalitĂ©. La combinaison jeune + noir + masculin Ă©quivaut, dans tout le systĂšme judiciaire, Ă lâĂ©cole et dans lâespace public, Ă provoquer une suspicion raisonnable justifiant lâinterpellation, lâinterrogatoire, la fouille et la dĂ©tention de milliers dâAfricains-AmĂ©ricains tous les ans, ainsi que leur exclusion du marchĂ© du travail et des logements et lâimpossibilitĂ© dâaccĂ©der Ă diverses formes dâĂ©ducation. Parce que les jeunes Noirs sont perçus comme des criminels, ils sont confrontĂ©s Ă une grave discrimination Ă lâembauche et sont aussi poussĂ©s » hors du systĂšme scolaire Ă travers des rĂšglements intĂ©rieurs biaisĂ©s sur le plan racial[26]. Pour les jeunes Noirs, lâexpĂ©rience qui les rend noirs » commence souvent avec le premier contrĂŽle de police, suivi de lâinterrogatoire, la fouille ou lâarrestation. Cette expĂ©rience est porteuse dâun sens social â voilĂ ce que cela veut dire dâĂȘtre noir. Lâhistoire de sa premiĂšre fois » peut bien ĂȘtre racontĂ©e Ă la famille ou aux amis, mais parmi les jeunes des ghettos, personne nâimagine que la premiĂšre fois sera la derniĂšre. Il est entendu que cette expĂ©rience dĂ©finit les termes de sa relation non seulement Ă lâĂtat, mais Ă la sociĂ©tĂ© dans son ensemble. Cette rĂ©alitĂ© peut ĂȘtre frustrante pour ceux qui sâefforcent dâaider les jeunes des ghettos Ă renverser le cours de leur vie ». James Forman, le cofondateur de lâĂ©cole sous contrat See Forever pour jeunes dĂ©linquants Ă Washington, le note lorsquâil dĂ©crit comment les contrĂŽles et les fouilles dĂ©gradantes faits au hasard auprĂšs des jeunes des ghettos signifient aux jeunes quâils sont des parias, peu importe quâils travaillent bien Ă lâĂ©cole, ils resteront toujours des suspects potentiels. » Un Ă©tudiant sâest plaint auprĂšs de lui On a beau ĂȘtre parfaits, parfaits, faire tout bien, ils nous traitent quand mĂȘme comme des chiens. Non, pire que des chiens, parce que les criminels sont traitĂ©s pire que les chiens. » Un autre Ă©lĂšve lui a demandĂ© Comment peux-tu nous dire quâon peut devenir ce quâon veut, alors quâils nous traitent comme des moins que rien[27]. » Le processus qui consiste Ă marquer les jeunes Noirs en tant que criminels noirs est essentiel pour le fonctionnement de lâincarcĂ©ration de masse comme systĂšme de castes raciales. Pour que ce systĂšme soit un succĂšs â câest Ă dire pour quâil atteigne les buts politiques dĂ©crits dans le chapitre 1 â les Noirs doivent ĂȘtre Ă©tiquetĂ©s criminels avant dâĂȘtre formellement soumis au contrĂŽle. LâĂ©tiquette criminel » est essentielle, car toute les formes explicites dâexclusion raciste sont non seulement interdites mais largement condamnĂ©es. Ainsi, les jeunes Noirs doivent ĂȘtre fabriquĂ©s, Ă©tiquetĂ©s criminels. Ce processus de criminalisation est, dans une large mesure, le processus qui consiste Ă devenir » noir. Comme lâexplique Wideman, quand un homme de couleur dâune certaine classe sociale et dâun certain milieu est, aux yeux du public, lâĂ©quivalent dâun criminel », ĂȘtre traitĂ© par le systĂšme judiciaire Ă©quivaut Ă ĂȘtre rendu » noir ; et passer du temps derriĂšre les barreaux est en mĂȘme temps une façon de marquer la race[28]. » LâincarcĂ©ration de masse est fondamentalement, comme Jim Crow, une institution qui fabrique la race ». Elle sert Ă dĂ©finir le sens et le rĂŽle de la race aux Ătats-Unis. Notes [1] Voir le chapitre 1, p. 61, qui dĂ©crit lâopinion selon laquelle le discours de Ronald Reagan venait principalement de la dĂ©tresse Ă©motionnelle de ceux qui avaient peur ou en voulaient aux Noirs, et qui attendaient de Reagan quâil les âmaintienne Ă leur placeâ ou du moins fasse Ă©cho Ă leur propre peur et frustration.» [2] Pour une excellente discussion de lâhistoire des lois sur la dĂ©chĂ©ance des droits pour dĂ©lit, ainsi que de leur impact aujourdâhui, voir Jeff Manza, Christopher Uggen, Locked Out Felon Disenfranchisement and American Democracy, New York, Oxford University Press, 2006. [3] Cotton vs Fordice, 157 p. 388, 391, 1998 ; voir aussi Martine J. Price, Note and comment Addressing ex-felon disenfranchisement Legislation vs litigation », Brooklyn Journal of Law and Policy, n° 11, 2002, p. 369, 382-383. [4] Voir Jamie Fellner, Marc Mauer, Losing the Vote The Impact of Felony Disenfranchisement Laws in the United States, Washington, Sentencing Project, 1998. [5] Race, Incarceration, and American Values, op. cit., p. 48. [6] Voir Eric Lotke, Peter Wagner, Prisoners of the census Electoral and financial consequences of counting prisoners where they go, not where they come from », Pace Law Review, n° 24, 2004, p. 587. [7] Voir Batson vs Kentucky 476 US, p. 79, 1986, discutĂ© dans le chapitre 3. [8] Voir Purkett vs Elm, 514 US, 765, discutĂ© dans le chapitre 3. [9] Brian Kalt, The exclusion of felons from jury service », American University Law Review, n° 53, 2003, p. 65. [10] Voir Dred Scott vs Sandford, 60 US, p. 393, 1857. [11] But They All Come Back, op. cit., p. 132. [12] Prisoners of the census », art. cit. ; pour plus dâinformation, voir [13] But They All Come Back, op. cit., p. 281, qui cite James Lynch, William Sabol, Prisoners Reentry in Perspective, Crime Policy Report, vol. 3, Washington, Urban Institute, 2001. [14] Dina R. Rose, Todd R. Clear, Judtih A. Ryder, Drugs, Incarcerations, and Neighborhood Life The Impact of Reintegrating Offenders in the Community, Washington, US Department of Justice, National Institute of Justice, 2002. [15] Sudhir Alladi Venkatesh, The Robert Taylor Homes Relocation Study, New York, Center for Urban Research and Policy, Columbia University, 2002. [16] Vicious Circle, op. cit., p. 16. [17] Ibid., p. 17. [18] ConfĂ©rence de Paula Wolff lors de lâAnnual Luncheon for Appleseed Fund for Justice and Chicago Council of Lawyers, 7 octobre 2008. [19] Katherine Beckett, Theodore Sasson, The Politics of Injustice Crime and Punishment in America, Thousand Oaks, Sage Publications, 2004, p. 36, qui cite Mercer Sullivan, Getting Paid Youth Crime in the Inner City, New York, Cornell University Press, 1989. [20] Idem. [21] LoĂŻc Wacquant, The new âpeculiar institutionâ On the prison as surrogate ghetto », Theoretical Criminology, vol. 4, n° 3, 2000. [22] Voir par exemple Douglas Massey, Nancy Denton, American Apartheid Segregation and the Making of the Underclass, Cambridge, Harvard University Press, 1993. [23] Les Blancs ont beaucoup plus de chances de sortir diplĂŽmĂ©s de lâuniversitĂ©, et les diplĂŽmĂ©s ont plus de chances dâessayer des drogues au cours de leur vie comparativement aux adultes qui nâont pas terminĂ© leurs Ă©tudes secondaires. Voir US Depatment of Health and Human Services, Substance Abuse and Mental Health Services Administration, Findings from the 2000 National Household Survey on Drug Abuse, Rockville, 2001. Les Africains-AmĂ©ricains sont surreprĂ©sentĂ©s parmi les adultes qui nâont pas fini leur cursus secondaire. [24] Devah Pager, Marked Race, Crime and Finding Work in an Era of Mass Incarceration, Chicago, University of Chicago Press, 2007, p. 90-91, 146-147. [25] John Edgar Wideman, Doing time, marking race », The Nation, 30 octobre 1995. [26] Voir Julia Cass, Connie Curry, Americaâs Cradle to Prison Pipeline, New York, Childrenâs Defense Fund, 2007. [27] James Forman Jr., Children, cops and citizenship Why conservatives should oppose racial profiling », Invisible Punishment, op. cit., p. 159. [28] Doing time, marking race », art. cit.
Sa mort, lors de son interpellation par la police new-yorkaise, est l'une des affaires qui a bouleversĂ© la communautĂ© noire amĂ©ricaine. Avec Trayvor Martin et Tamir Rice, Eric Garner incarne le malaise ressenti par une majoritĂ© d'afro-amĂ©ricains celui d'une justice Ă deux vitesses et d'une sociĂ©tĂ© fracturĂ©e sur le thĂšme du racisme. Le dĂ©cĂšs d'Eric Garner, classĂ© sans suite, aura rĂ©guliĂšrement drainĂ© depuis plusieurs mois des milliers de manifestants dans tout le pays rĂ©clamant en vain un procĂšs. Et si un procĂšs avait quand mĂȘme lieu? "La Couleur de la justice" racontera l'histoire du vrai/faux procĂšs de la mort d'Eric Garner. TĂ©nors du barreau, juges en activitĂ© ainsi que la famille et les proches de la victime seront les principaux protagonistes de ce procĂšs fictif qui retracera cette tragique arrestation. On cherchera Ă travers cet Ă©vĂ©nement Ă entendre et Ă comprendre ce qui ronge l'AmĂ©rique d'aujourd'hui les fractures entre communautĂ©s, les violences raciales et ce que signifie ĂȘtre noir aux USA.ActeursLa boum : DĂ©couvrez ce que sont devenus les acteurs de La boum, ce film culte des annĂ©es 80 LE FILM Synopsis AprĂšs ses Ă©tudes Ă lâuniversitĂ© de Harvard, Bryan Stevenson aurait pu se lancer dans une carriĂšre des plus lucratives. Il dĂ©cide pourtant de se rendre en Alabama pour dĂ©fendre ceux qui ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă tort, avec le soutien dâune militante locale, Eva Ansley. Un de ses premiers cas â le plus incendiaire â est celui de Walter McMillian qui, en 1987, est condamnĂ© Ă mort pour le meurtre retentissant dâune jeune fille de 18 ans. Et ce en dĂ©pit dâun grand nombre de preuves attestant de son innocence et dâun unique tĂ©moignage Ă son encontre provenant dâun criminel aux motivations douteuses. Au fil des annĂ©es, Bryan se retrouve empĂȘtrĂ© dans un imbroglio de manĆuvres juridiques et politiques. Il doit aussi faire face Ă un racisme manifeste et intransigeant alors quâil se bat pour Walter et dâautres comme lui au sein dâun systĂšme hostile. Casting RĂ©alisateur â Destin Daniel Cretton. Acteurs & Actrices â Michael B. Jordan, Jamie Foxx, Brie Larson, Tim Blake Nelson⊠Bande annonce Critique â â â â â AdaptĂ© des mĂ©moires Just Mercy â A Story of Justice and Redemption de Bryan Stevenson, La Voie de la Justice raconte la bataille judiciaire de lâavocat du mĂȘme nom pour venir en aide Ă Walter McMillian, injustement condamnĂ© Ă mort en 1987 pour le meurtre dâune jeune femme. A travers le cas Ă©difiant de McMillian, qui nâest malheureusement pas un cas isolĂ© aux Ătats-Unis, et le combat de Stevenson pour rĂ©tablir la vĂ©ritĂ©, le rĂ©alisateur Destin Daniel Cretton Short Term 12, Le ChĂąteau de Verre livre un drame aussi bouleversant que glacial, exposant froidement les dĂ©rives dâun systĂšme gangrenĂ© par le passĂ© sĂ©grĂ©gationniste de son pays. Dans lâAlabama des annĂ©es 80, le racisme est effectivement encore bien prĂ©sent et conditionne lourdement les dĂ©cisions de justice, au grand dĂ©sarroi de la population afro-amĂ©ricaine, totalement impuissante. Puisant principalement son intĂ©rĂȘt dans la force de son propos et le caractĂšre rĂ©voltant de son histoire, le long-mĂ©trage peut Ă©galement sâappuyer sur des interprĂ©tations convaincantes de Michael B. Jordan et Jamie Foxx. Bien quâon puisse leur reprocher dâĂȘtre constamment dans le mĂȘme style de jeu, les deux acteurs livrent en effet des performances solides qui soutiennent de belle façon la puissance Ă©motionnelle du rĂ©cit. De quoi surmonter les quelques problĂšmes de rythme qui viennent tout de mĂȘme entacher les 2h17 de film. En dĂ©finitive, sans forcĂ©ment rejoindre des pĂ©pites du genre, La Voie de la Justice sâimpose donc nĂ©anmoins comme un drame dĂ©chirant, mettant, certes, en lumiĂšre les failles du systĂšme, mais rendant aussi magnifiquement hommage aux efforts de ceux et celles qui, aujourdâhui encore, se battent pour libĂ©rer des innocents. LE BLU-RAY CaractĂ©ristiques Audio â Dolby Atmos Anglais / Dolby Digital TrueHD Anglais / DTS Français, Italien. Image â 1080p HD / 16Ă9 / Sous-titres â Français, NĂ©erlandais, NorvĂ©gien, SuĂ©dois, Danois, Finlandais. DurĂ©e â 136 minutes. Bonus Dans les coulisses du film. LâEqual Justice Initiative. Reconnaissance. ScĂšnes coupĂ©es. Ăditeur â Warner Home Video. Avis Sans forcĂ©ment sâagir dâun long-mĂ©trage particuliĂšrement impressionnant sur le plan visuel, lâĂ©dition Blu-ray de La Voie de la Justice peut nĂ©anmoins se targuer, comme souvent avec Warner, dâune dimension technique de trĂšs belle facture. DotĂ©e dâune solide dĂ©finition, lâimage nous rĂ©gale effectivement par sa prĂ©cision de tous les instants et sa retranscription minutieuse textures, couleursâŠ. CĂŽtĂ© audio, seule la piste VO bĂ©nĂ©ficie dâun encodage HD, la VF devant quant Ă elle se contenter dâune modeste piste DTS Et si celle-ci ne manque certainement pas de qualitĂ©s, elle souffre tout de mĂȘme nettement de la comparaison avec son homologue anglaise, cette derniĂšre offrant un spectacle sonore plus ample et percutant. Enfin, le disque propose Ă©galement plus de 30 minutes de bonus, rĂ©partis en 4 modules constituĂ©s essentiellement de making of et de scĂšnes coupĂ©es. Bien que concis, ces supplĂ©ments prolongent honorablement lâexpĂ©rience de visionnage, apportant notamment des prĂ©cisions bienvenues sur certains aspects de lâhistoire la structure judiciaire fondĂ©e par Bryan Stevenson et Eva Ansley notamment. Disponible Ă partir du 27 mai 2020 en DVD et Blu-ray Belgique. Ă propos de Wolvy128 CrĂ©ateur et rĂ©dacteur en chef du site. PassionnĂ© de cinĂ©ma depuis mon plus jeune Ăąge, je profite de ce blog pour partager ma passion au quotidien. Parles yeux de Bryan Stevenson et par sa personnalitĂ© sensible (Michael B. Jordan, impeccable) , on dĂ©couvre petit Ă petit tout un tas dâirrĂ©gularitĂ©s effarantes, de procĂ©dĂ©s monstrueux, qui 4 aoĂ»t 2019 4 aoĂ»t 2019 / Les perles / avocat, avocat marron, barre, blague sur la justice, blague sur le marron, blague sur les avocats, blague sur les avocats marrons, blague sur les barres, blague sur les bougons, blague sur les cours d'assises, blague sur les daltoniens, blague sur les tĂ©moins, blague sur les tribunaux, blague sur les visions, bougon, cour dâassises, daltonien, justice, Les perles de la justice, marron, tĂ©moin, tribunal, vision Les perles la justice Un tĂ©moin bougon Ă la barre de la cour dâassises Tous les avocats sont marrons ! » SĂ»rement un daltonien. Navigation de lâarticle